Io sono – je suis – ich binIo sono – je suis – ich bin

Io sono – je suis – ich binIo sono – je suis – ich bin

Michaela Preiner

Foto: ( )

9.

Februar 2011

Eigentlich könnte man das Stück an diesem Punkt als beendet ansehen. Aber Enrico Tedde verblüfft sein Publikum und tanzt weiter. Er schafft mit einem ganz anderen Schluss eine große, übergeordnete Klammer und führt mit dieser den Anfang und das Ende seines Abends noch einmal zusammen. Zu Beginn stand sein Mensch mitten im Leben, wurde dann […]

Eigentlich könnte man das Stück an diesem Punkt als beendet ansehen. Aber Enrico Tedde verblüfft sein Publikum und tanzt weiter. Er schafft mit einem ganz anderen Schluss eine große, übergeordnete Klammer und führt mit dieser den Anfang und das Ende seines Abends noch einmal zusammen. Zu Beginn stand sein Mensch mitten im Leben, wurde dann aus diesem gerissen, um wiedergeboren zu werden und im Zeitraffer noch einmal alles zu erleben, was es zu erleben gibt, bis hin zum erlösenden, freudvollen Tod. Um danach in jenem Leben weiter zu machen, das ihn noch nicht entlassen hat. So zerstört der Tänzer mit wildem Getöse, wie von Sinnen, das Bühnenbild. Kippt den Stuhl auf den Boden, lässt den Schreibtisch zusammenkrachen und verheddert sich gefährlich nahe am Verunfallen – in den zahllosen Stricken. Kein Stein scheint auf dem anderen zu bleiben, kein Seil in seiner ursprünglichen Spannung. Der Mann, der einmal zur Hölle, dann zum Himmel und wieder retour fuhr, scheint nichts dazugelernt zu haben. Es schmerzt beinahe zu sehen, dass alles Leid umsonst war; aber es tut auch gut zu sehen, dass er noch am Leben ist und die Chance hat, hier, an diesem Ort, weiter zu machen. Völlig erschöpft, mit der eigenen Wut und Rastlosigkeit doch am Ende, erwacht Tedde plötzlich wie aus einem bösen Traum. Was ihm jetzt noch bleibt, ist das selbst angerichtete Chaos zu ordnen. Den Stuhl und den Schreibtisch an ihre angestammten Plätze zu stellen und Ordnung in den Seilen zu schaffen. Eine nun erst erkennbare, wohldurchdachte Ordnung, die das Leben zwar einengt – ihm aber zugleich auch sicheren Halt gibt. Halt, den der Mensch zu brauchen scheint und dem wir erst entkommen, wenn uns tatsächlich eine andere Welt empfängt.

Enrico Tedde hat sich auf einen Hochseilakt begeben – und er hat uns sein Kunststück ohne Auffangnetz gezeigt. Er ist damit nicht gescheitert, sondern ganz im Gegenteil: Er offeriert dem Publikum die Möglichkeit zu neuen Erkenntnissen, was nichts Geringeres bedeutet, als daran selbst zu wachsen. Ein universell angedachtes Stück, dem viele weitere Aufführungen auch außerhalb des Elsass gewünscht werden dürfen.

IoSono1 Patrick Berger2

Io sono de et avec Enrico Tedde (c) Patrick Berger

Io sono – je suis – ich bin

La représentation de danse qu’Enrico Tedde a donnée Au Taps-Scala à Strasbourg était intitulée «io sono – je suis – ich bin».

Le thème de ce travail qu’on avait demandé au chorégraphe était : «rêve de star». En travaillant avec son frère, le compositeur Giorgio Tedde, le danseur a créé une œuvre très personnelle qui montre une fois de plus que l’on peut le considérer comme le philosophe parmi les danseurs-chorégraphes.

«Io sono – je suis – ich bin» est une réponse concise en trois langues à la question philosophique : «Que suis-je ?» Mais aussi «Qui suis-je ?» Le rêve de la vie de star, si présent dans notre société, n’est qu’effleuré par la pièce. Tedde traite ce sujet en passant, comme s’il suivait un lointain écho.

«Une star est sous les feux de la rampe. Plus la lumière est vive, plus souvent la star se trouve sous ces fameux feux de la rampe et plus son statut de star se confirme. La plus grande star de tous les temps, celle qui a réussi à focaliser le plus de lumière sur elle, celle dont a émané le plus de lumière est à mes yeux Jésus». Ce sont des paroles prononcées par Enrico Tedde dans le cadre d’une discussion avec le public. Ces paroles ont enfreint un tabou dans le monde artistique. Elles illustrent également que ces réflexions ont été le point de départ pour le travail de Tedde, mais qu’il a refusé de se laisser bâillonner par ces mêmes paroles. Dans l’art contemporain, une religiosité manifeste et manifestée se doit d’être traitée en persiflage. Jamais elle ne doit l’être de façon apodictique. Celui qui s’y risque n’est plus dans le coup. La philosophie et l’histoire du 19e et du 20e siècle ont trop profondément marqué l’image du monde de l’homme occidental. Du coup il est incapable d’aborder des messages religieux transmis par des artistes, sans préjugés.

Enrico Tedde le sait parfaitement et c’est pour cette raison qu’il a choisi la voie royale: ces prises de positions ne sont pas fermes et définitives, mais nuancées offrant de multiples possibilités d’interprétations. Que celui qui veut  reconnaître le divin le reconnaisse. Que celui qui veut profiter des choses profanes en profite ! Mais, et là il n’y a aucun doute, «io sono – je suis – ich bin» ne serait pas l’œuvre de Tedde, si elle n’abordait pas, en dehors de toute religiosité, les questions philosophiques importantes de l’être humain.

« Mon travail sur cette pièce s’est fait de façon totalement intuitive. J’ai imaginé les différentes scènes sans avoir prémédité quoi que ce soit. Je ne me suis posé la question de leur signification qu’a posteriori. »

C’est une méthode de travail peu commune pour un chorégraphe. On sait qu’une chorégraphie peut être créée intuitivement d’après une musique particulière par exemple. On sait aussi que certains chorégraphes donnent de la liberté à leurs danseuses et danseurs quand ils travaillent sur leurs passages respectifs. Mais jusqu’ici, on ne savait pas qu’un danseur qui travaille sur un sujet n’a pas d’objectif précis, et qu’il n’utilise pas non plus de musique particulière pour l’aider dans l’élaboration de son œuvre. C’est si extraordinaire que cette façon de travailler peut être considérée comme un numéro d’équilibriste.

Et Enrico Tedde a joué l’équilibriste, totalement ! Même l’échec éventuel ne l’a pas fait reculer. La contrainte d’une date fixe à laquelle cette œuvre devait être terminée non plus d’ailleurs. Sa seule trame était un texte de son frère décédé qu’il a, contrairement à ce qui se fait habituellement, récité lui-même. Ce texte ne raconte pas d’histoire, il n’emmène pas non plus l’auditeur dans un monde étrange mais tourne autour du thème de ce que c’est qu’être homme, l’espace de vie de l’homme et son expression verbale.

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